BM.53 - Golf-party by Michel Brice

BM.53 - Golf-party by Michel Brice

Auteur:Michel Brice [Brice, Michel]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Plon
Publié: 1984-01-02T00:00:00+00:00


CHAPITRE XI

Dans tous les golfs, il y a des routes de terre qui serpentent entre les différents trous du parcours. La plupart du temps, ce sont des survivances du temps de la propriété d’autrefois, quand tout cela appartenait à de riches familles dont les fillettes couraient, l’été, au temps des vacances, avec des cordes à sauter, histoire d’aguicher des cousins boutonneux à canotier. Aujourd’hui, cela sert au passage des tondeuses, des rouleaux à herbe, des machines à griffer les greens pour les rendre plus beaux.

Boris Corentin rattrapa vite à la course la grosse femme à chignon au coin du bois de noisetier bordant le départ du 16.

Elle s’était abattue dans un amas de branchages, et elle le fixait avec des yeux de folle.

Il s’avança.

— Je vous en prie, je ne vous veux pas de mal.

Elle reculait sur les coudes, et commençait à se piquer la chair dans une zone d’orties.

— Je suis policier, fit-il, je ne peux pas vous vouloir de mal.

Elle ne disait toujours rien, mais son halètement hurlait pour elle en silence ce qu’elle voulait dire :

« Laissez-moi ! j’ai peur, vous me faites peur. »

Il continuait d’avancer.

— Madame Vinard, je vous en prie.

Elle se releva.

— Comment savez-vous qui je suis ?

Dans la vie, il y a des réponses qu’il faut savoir ne pas donner. Qui aurait-elle pu être ? Quelqu’un d’autre que l’épouse du green-keeper ? Cette femme de quarante ans en paraissant dix de plus ! Visiblement pas joueuse de golf, mais employée du même golf ! D’une autre façon, Boris Corentin ne disait pas tout. Quai des Orfèvres, évidemment, on avait détaillé l’enquête, le signalement de la veuve du green-keeper correspondait.

— Venez avec moi, fit-il, souriant, je vais vous reconduire là-haut.

*

Elle marchait à ses côtés et il devinait la confiance revenue.

— Vous retournez tous les jours là-bas, disait-il, tous les jours, n’est-ce pas ?

Elle pleurait.

— Bien sûr. Avant aussi. C’était toujours auprès du green du 7 que ça se passait...

— Vous l’avez vu souvent ?

Il n’osait pas dire : votre mari, Fernand Vinard.

— Oui, surtout les jours de fermeture du golf. Comprenez-moi, c’était plus fort que moi. Il partait. Il avait des prétextes... Je courais derrière lui, je savais où le retrouver.

Elle se tordait les mains dans le chemin...

— Toutes ces femmes, les bourgeoises, si jolies... et lui, après, il rentrait dîner, il buvait, et il se couchait.

Elle vira vers Corentin.

— Il ronflait, vous savez, c’était terrible.

Il l’aida à franchir une zone cahoteuse où il y avait des pavés enfouis et des marches anciennes effondrées.

— Pardonnez-moi, madame, mais l’autre jour, vous savez ce que je veux dire, vous l’avez vu ? Vous avez tout vu.

Elle éclata en sanglots.

— Tout, monsieur !

Les yeux noirs de Boris Corentin émirent un éclair. Vite contrôlé.

— Parlez, fit-il. Ça vous soulagera.

*

Le club-house était maintenant à cent mètres d’eux.

Boris Corentin alluma une Gallia.

— Je vous remercie pour votre confiance, mais je suis désolé, il me faut encore vous poser une question. Rappelez-vous bien, cet homme qui a frappé M. Silberman, quelle était la couleur de ses cheveux ? L’avez-vous bien vu ? Essayez de vous rappeler, ça a pour moi une importance capitale.



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